19 décembre 2007
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Ménez Meur à Hanvec fête de fin de saison photo Jalm
Je ne veux pas ce soir, te vouvoyer pays,
Te parler sans accent, te faire des chichis,
Et sur chaise de paille et devant feu de bois,
Je veux manger ma crêpe en me brûlant les doigts.
Je veux en mon pichet, un valeureux champagne,
Le bon cidre bouché qu'on boit à la campagne,
Et puis vent dans la tête et coeur griffé d'ajonc,
Je veux sur la falaise embraser l'horizon.
Puis au son des tambours, de toutes cornemuses,
De tous les binious braz, de tous les binious coz,
Je veux danser enfin, jabadao, rigodon,
Et de la tête aux pieds, redevenir Breton !
Marie-Raymonde Barré (revue An Amzer Poésies n°39)
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18 décembre 2007
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tombeau de Matisse à Nice photo Elga
Petit mort pour rire
Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton œil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...
Les fleurs de tombeau qu’on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes...
Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes —
Va vite, léger peigneur de comètes !
Tristan CORBIERE (1845-1875)
(Recueil : Les Amours jaunes)
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17 décembre 2007
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jubé de la chapelle saint Nicolas du Faouët photo Jalm
Tête de faune
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille,
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'or du Bois, qui se recueille.
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
(Recueil : Poésies)
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15 décembre 2007
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dessin de Gilles Durieux
Ton visage à la craie
à ta gloire
que j'avais tracé
sur le trottoir d'en face
ne s'efface
Pas
comme mon amour
il semble à l'abri du temps
La pluie d'Iroise est aussi venue
pour tout radier caviarder
biffer
rien n'est parti
ivre
tes lèvres dans le givre
Mon amour est aussi noir
tenace que le goudron de Portsall
De toutes tes passions
bergère des Deux-Sèvres
givre en mai sur lèvres
je suis ton goudronnier
Gilles Durieux
Ex voto en or muscade
éd. Le Cherche Midi
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12 décembre 2007
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Hêtre du Vizac Guipavas photo Jalm
L'âme d'hiver
Novembre a rendu l'âme et c'est presque sans bruit
Que les arbres au jardin ont déposé les armes
Jonchant le sol humide de parchemins jaunis
Dont le vent en rafales balaie toutes les larmes.
Les teintes se mélangent, en union fraternelle
Pour affronter le gel et le froid plus sévère.
Long sera le sommeil des géants de la terre
Mais doux seront les songes vers la saison nouvelle.
Des oiseaux plus hardis viennent après la pluie
Fouiller la terre molle en quête de quelques vers
Tous pépient et sifflent, chantant encore la vie
Celle qui vibre en secret, en plein cœur de l'hiver.
C'est le repos du monde, la paix et la torpeur
Seule pourra les troubler, d'une tempête la fureur
Venue de l'océan en immense clameur
Comme si du long silence la mer avait frayeur.
Les jours s'épuisent tôt, la nuit s'empare du temps
Le froid a cette senteur qui brûle un peu la tête.
Pénétrant dans les corps, y imprimant sa dent
Décembre s'insinue en victorieuse conquête.
Chantal Duros
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11 décembre 2007
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à Gilles Baudry
L'invitation à l' hiver
Les fenêtres en veille
Sourient à la nuit,
Leurs paupières de givre
Aguichent les étoiles
Sous la lune transie.
Ce soir
J'ai invité l'hiver,
En choeur
Dans l'âtre qui console
Les flammes sont en joie,
Et sous la lampe auréole
Un livre de poèmes
Me chante sa lumière.
Jacques Prémel-Cabic
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10 décembre 2007
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Sur le chemin du Pénity Landévennec photo Elga
Cette façon qu'avaient les arbres de se pencher sur
nous et de nous entourer de toute l'affection de
leurs feuillages.
De nous parler à mots couverts et de
s'étendre en confidences de toutes leurs ramures.
Gilles Baudry extrait d'une "écriture de libellule"
Versants du Secret éd. Rougerie 2002
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9 décembre 2007
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vallée du Guillec photo Jalm
Du sable des Dunes
écoute le chant
Entends
la soie des voiles qui ondule
et vois...
Vois la Rose pourpre et safran
que le couchant
inonde
d'une
goutte de sang...
Danièle Le Duff
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8 décembre 2007
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sous les remparts de Bourges
Les vieux ne rêvent p!us, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos
sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde
est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore, bras dessus bras dessous, tout habillés de
raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux,
l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
extrait de la chanson "Les Vieux" Jacques Brel - 1963
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7 décembre 2007
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ginkgo bibloba au Stangalar photo elga
Aime l’arbre l’arbre de feu
l’ombre de l’arbre à l’écorce d’azur
erre dans la ramure
dans le réseau frémissant de la nuit
dans le dédale du silence
veille sur l’ouvrage des branches
sur le savoir lumineux du feuillage
sur l’infinie mémoire des racines
(l’arbre que tu dessines
émerveille le vent comme l’oiseau
il est le seul abri l’ultime témoignage
- et ta plume l’oiseau que dessine le vent)
Vahé Godel
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