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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 00:52
Comme des folles

feuilles de hêtre dans la vallée du Costour, photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s'envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.

 

Le silence est léger et calme ; par minute
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l'Amour qui jouait sous la bonté des cieux

 

S'en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
Et la vieille maison qu'il va transfigurer
Tressaille et s'attendrit de le sentir entrer...

 

Anna de NOAILLES (1876-1933)
extrait de "l'Automne"
in Le coeur innombrable

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28 novembre 2016 1 28 /11 /novembre /2016 00:10
Lune d'argent

lune blanche alias Sélène sur la rivière de Morlaix photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Belle lune d'argent, j'aime à te voir briller
Sur les mâts inégaux d'un port plein de paresse,
Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse,
Dans un vieux parc, le marbre où je viens m'appuyer.

 

J'aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
Tu me plais sur un lac, sur un sable argentin,
Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
Et dans mon cher Paris, au bout des cheminées.

 

Jean MORÉAS (1856-1910)
les stances

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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 00:26
Clair de lune mystique

lune blanche, alias Sélène, du 14/11/16 photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Ce soir, an fond d'un ciel uniforme d'automne,
La lune est toute seule ainsi qu'un bâtiment
Perdu sur les déserts marins, et lentement
Vogue dans l'infini de la nuit monotone.

 

Ce n'est pas la clarté des monotones nuits
Brillantes d'or fluide et de brume opaline ;
Mais le ciel gris est plein de tristesse câline
Ineffablement douce aux coeurs chargés d'ennuis.

 

Chère, mon âme obscure est comme un ciel mystique,
Un ciel d'automne, où nul astre ne resplendit,
Et ton seul souvenir, ce soir, monte et grandit
En moi, comme une lune immense et fantastique.

 

Éphraïm MIKHAËL (1866-1890)

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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 00:28
L'Iris

arc dans la nuée au-dessus de la rivière de Morlaix photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Les rayons du soleil se dardent sur l'enflure
D'un nuage opposé qui, rosoyant d'humeur,
Nous fera bientôt voir de l'Iris la voûture,
Peignant notre horizon de sa cambre lueur.

 

Ah ! la voici déjà, sa céleste présence
En bigarrant le ciel enfante divers ronds
Et découvre au soleil l'émail de sa naissance,
Qu'il a formé dardant sur elle ses rayons.

 

Elle fait d'un demi-rond seulement la ceinture
Dérobant la moitié de ce cercle à nos yeux,
Mélangeant ses couleurs de diverse peinture,
D'azur, de pourpre et d'or elle émaille les cieux.

 

Pierre de MARBEUF (1596-1645)
extrait de l'Iris

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 00:14
Cloris

Flora par E. Burne Jones et W. Morris photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Cloris dont la présence à mes yeux est si chère
Et dont l'éloignement est si rude à mon coeur,
Mon sort est si cruel qu'il n'est point de rigueur
Dont la mer contre moi n'ait montré sa colère.

 

Mes yeux pour quelque temps perdirent la lumière,
La faiblesse me prit, je devins en langueur
Et mon corps tout glacé n'ayant plus de vigueur,
De la barque où j'étais pensa faire sa bière.

 

Aujourd'hui que je sens le funeste tourment
Que de votre beauté le triste éloignement
Avec tant de raison me devait faire craindre,

 

Ces maux que j'ai soufferts ne me semblent que doux
Et je n'ai point d'amour, ou je ne me dois plaindre
Que d'avoir eu le coeur de m'éloigner de vous.

 

Claude MALLEVILLE (1596-1647)

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 00:05
Le port

port de Bas-Pouldu photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Le fleuve est recourbé comme ta hanche,
ô pin !
La ville aux pieds tranquilles
devant le fleuve grouille et mange.
L'eau biaise aux pieds tranquilles
des ponts, des arches de ponts, des îles.
Ainsi va le temps ! et devant le ciel !
Ainsi va le ciel au-dessus des temps.
Ainsi vas-tu, ainsi, fleuve cicatriciel.
Ainsi vont mes amours souffrants.
Mais les joies des bateaux, fourrure de la hanse
aux nues donnent audience.

 

Jadis un bois de pins réchauffait la colline.
Un jour, les pins laissant traînasser leurs crépines
sur les toits de la ville sont descendus et les racines
de leur feuillage ardent chevauchaient des gradins.
Les arbres dévêtus rangés le long des berges
sont devenus les mâts, les haubans et les vergues.
Amour ! la joie d'aimer c'est comme les bateaux
sur le cœur de l'eau cicatrisée par un râteau.
Si les mâts sont en croix, les mâts montrent là-haut
et j'aperçois du fond de mon cercueil
ton front lourd et le sourire fin de ton œil.

 

Max Jacob (1876-1944)
Poéme / Poémes d'Max Jacob

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11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 00:27
Sur la mort - Assurance

la mort et le lansquenet 1510 Albrecht Dürer, cliquez sur les liens

 

Quel est ce Monstre horrible, et sans Chair, et sans Yeux,
Qui d'une Faus armé, grans et petits menace
Et qui, d'un pié superbe, également terrasse,
Et le riche, et le pauvre, et le jeune, et le vieus ?

 

Chrétien, voy sans horreur cet objet odieus :
Voy, sous son Masque affreus, de ton Sauveur la Face,
Voy, dans sa dure Main des nouvelles de Grace,
Et, sous son Manteau noir, la Lumière des Cieus.

 

L'inevitable coup de sa Faus meurtriere
Termine, avec tes jours, ta penible Carrière ;
Et fait voler ton Ame au Séjour de la Paix.

 

Ainsi, le Châtiment, dont l'Ofense est suivie,
Porte un vieus nom, contraire à ses nouveaus effets ;
La Mort n'est, maintenant, qu'un Passage à la Vie.

 

Laurent DRELINCOURT (1626-1680)

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4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 18:45
L'autre âge

château de Sennones en Mayenne photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Le Printemps les roses produit,
L'Été plus chaud mûrit le fruit,
Des saisons divers est l'empire :
Aux amours la jeunesse duit,
L'autre âge autre chose désire.

 

Connaissant donc ce que je dois,
Faut-il pas suivre une autre loi
Propre à mon âge et ma tristesse ?
Dois-je pas bannir loin de moi
Tous noms d'amour et de maîtresse ?

 

Philippe DESPORTES (1546-1606)

Recueil : Odes

 

Temps-pestif va être en vacances du 5 au 23 mai, Janus s'en va grimper sur les pentes du Jura du côté de la patrie de Cendrars. Merci de votre fidèlité, à bientôt...

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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 00:39
L'églantine

églantine sur le chemin de Montmoreau St Cybard, photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Églantine ! Humble fleur, comme moi solitaire,
Ne crains pas que sur toi j'ose étendre ma main.
Sans en être arrachée orne un moment la terre,
Et comme un doux rayon console mon chemin.
Quand les tièdes zéphirs s'endorment sous l'ombrage,
Quand le jour fatigué ferme ses yeux brûlants,
Quand l'ombre se répand et brunit le feuillage,
Par ton souffle, vers toi, guide mes pas tremblants.

 

Mais ton front, humecté par le froid crépuscule,
Se penche tristement pour éviter ses pleurs ;
Tes parfums sont enclos dans leur blanche cellule,
Et le soir a changé ta forme et tes couleurs.
Rose, console-toi ! Le jour qui va paraître,
Rouvrira ton calice à ses feux ranimé ;
Ta mourante auréole, il la fera renaître,
Et ton front reprendra son éclat embaumé.

 

Fleur au monde étrangère, ainsi que toi, dans l'ombre
Je me cache et je cède à l'abandon du jour ;
Mais un rayon d'espoir enchante ma nuit sombre :
Il vient de l'autre rive... et j'attends son retour.

 

Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)

 

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26 mars 2016 6 26 /03 /mars /2016 00:05
Le mystère

Jonas avalé par la baleine. Chapiteau du XIIe siècle de la nef de l'abbatiale de Mozac, cliquez sur les liens

 

Ils sèment la parole obscure, simple et nue ;
Mais dans l'obscurité tu rends l'oeil clairvoyant,
Et joins du haut du ciel à la lettre qui tue
L'esprit vivifiant.

 

Leur bouche sous l'énigme annonce le mystère,
Mais tu nous en fais voir le sens le plus caché ;
Ils nous prêchent tes lois, mais ton secours fait faire
Tout ce qu'ils ont prêché,

 

Ils montrent le chemin, mais tu donnes la force
D'y porter tous nos pas, d'y marcher jusqu'au bout ;
Et tout ce qui vient d'eux ne passe point l'écorce,
Mais tu pénètres tout.

 

Ils n'arrosent sans toi que les dehors de l'âme,
Mais sa fécondité veut ton bras souverain ;
Et tout ce qui l'éclaire, et tout ce qui l'enflamme
Ne part que de ta main.

 

Pierre CORNEILLE (1606-1684)
extrait de "Que la vérité parle au dedans du coeur"

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L'univers d'An Amzer

 

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