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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 00:35
La mer
Le fort national à St Malo photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Des vastes mers tableau philosophique,
Tu plais au coeur de chagrins agité :
Quand de ton sein par les vents tourmenté,
Quand des écueils et des grèves antiques
Sortent des bruits, des voix mélancoliques,
L'âme attendrie en ses rêves se perd,
Et, s'égarant de penser en penser,
Comme les flots de murmure en murmure,
Elle se mêle à toute la nature :
Avec les vents, dans le fond des déserts,
Elle gémit le long des bois sauvages,
Sur l'Océan vole avec les orages,
Gronde en la foudre, et tonne dans les mers.

 

Mais quand le jour sur les vagues tremblantes
S'en va mourir ; quand, souriant encor,
Le vieux soleil glace de pourpre et d'or
Le vert changeant des mers étincelantes,
Dans des lointains fuyants et veloutés,
En enfonçant ma pensée et ma vue,
J'aime à créer des mondes enchantés
Baignés des eaux d'une mer inconnue.
L'ardent désir, des obstacles vainqueur,
Trouve, embellit des rives bocagères,
Des lieux de paix, des îles de bonheur,
Où, transporté par les douces chimères,
Je m'abandonne aux songes de mon coeur.



François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848)
(Recueil : Tableaux de la nature)
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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 00:24
Les caresses des yeux
La sauvagesse, pastel de Caroline Baily expo "l'art du pastel", photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

 

Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.

 

Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;

 

Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?



Auguste ANGELLIER (1848-1911) 
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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 12:38
Symbole

galries royales saint Hubert à Bruxelles photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Voici qu'à l'horizon coule un fleuve de sang.
De sa pourpre lugubre et splendide il inonde,
Sous les cieux consternés, l'orbe muet du monde,
Où l'horreur d'un grand meurtre invisible descend.

 

Ainsi qu'au lendemain des épiques désastres
Pour les princes vaincus on drape l'échafaud,
La Nuit, sur le zénith, debout comme un héraut,
Étend l'obscurité de son deuil larmé d'astres.

 

Exsangue et phosphoreuse, ô tête dont la chair
A gardé la pâleur et le froid de l'épée, -
Lumineusement roule une lune coupée
Dans le silence noir et la terreur de l'air.

 

Rien ne s'anéantit. Tout ce qui fut, persiste.
Les crimes d'ici-bas renaissent dans les cieux.
Ce soir, dans le palais aérien des dieux,
Hérodiade a fait décoller Jean Baptiste.

 

Iwan GILKIN (1858-1924)
recueil La Nuit

 

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 21:21
auteur né une anné en 8 :
extrait d'un tableau d'Eugène Delacroix cliquez sur l'image

" Ô perle du désert ! dis-moi :
Si le giaour infidèle
Ne s'en revenait plus vers toi ?
- Je te comprends bien, lui dit-elle :

" Mais je m'appelle Zaïra.
Va, mon coeur l'aimerait quand même :
Je suis de la tribu d'Azra ;
Chez nous on meurt lorsque l'on aime ! "

Philippe-Auguste-Mathieu VILLIERS DE L'ISLE-ADAM (1838-1889)

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 18:16
auteur né une année en 8 :
Guipavas sous le givre photo Jalm

Quand par le dur hiver tristement ramenée
La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
Au bonheur ! - il ne veut devant sa cheminée
Qu'un voltaire bien doux, pouvant railler le froid !

Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
La flamme s'élargit, comme une étoile jette
L'étincelle que l'oeil dans l'ombre fixe et suit ;

Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
A la chaleur du jour le charme de la nuit !

Jules VERNE (1828-1905)

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 15:10
auteur né une année en 8 :
cliquez sur l'image

...Sous les arbres de nard, d'aloès et de baume,
Chaque souffle de l'air, dans ce flottant royaume,
Est un enfant qui vole, un enfant qui sourit
Au doux lait virginal dont le flot le nourrit ;
Un enfant, chaque fleur de la sainte corbeille ;
Chaque étoile, un enfant ; un enfant, chaque abeille.
Le fleuve y vient baigner leurs groupes triomphants;
L'horizon s'y déroule en nuages d'enfants,
Plus beaux que tout l'éclat des vapeurs fantastiques
Dont le couchant superbe enflamme ses portiques. [...]

Alexandre SOUMET (1788-1845)
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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 12:04
auteur né une année en 8 :
stèle de Victor Segalen cours Dajot à Brest photo Jalm cliquez sur l'image

Il le faut ainsi ô Sans-être, que tu sois.
Ne détrompe pas. Ne te résous pas en boue.
Ne disparais point. Ne transparais point. Ne joue
Ni confonds jamais le seul à toi qui se voue.

Sans doute et sans fin, évoquant ta certitude,
Feignant de savoir, je frappe trois fois sur trois.
Je ris de respect. Criant ma fièvre aux abois
Je sonne bien fort l'espoir et les désarrois.

Sans peur, nu de coeur, noyé de lumière et d'eau
Je lève à deux mains mon appel et mes caresses :
Manifestement il faut que tu m'apparaisses :
Ton Ciel n'est pas vain, ni tes clartés menteresses.

Vois : je t'attendris : je me tiens seul à la ronde,
Portant mon élan, t'appelant du bout du monde,
Jetant tout mon poids dans l'inversé que je sonde
Comme le plongeur d'un pôle vertigineux.

Victor SEGALEN (1878-1919)
(Recueil : Odes)

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 10:35
auteur né une année en 8 :
Saint Michel en Grève poto Jalm

Tout m'est dueil, tout m'est desplaisir,
Car, jour de ma vie, ung plaisir
Je n'eus d'Amours ne de Fortune.
Je me voys offrant à chascune,
Mais nulle ne me veult choysir.

Puisqu'Ennuy faict mon coeur moysir,
Et Rigueur me faict bas gésir,
Et que tel mal sur moy impugne,
Tout m'est dueil.

Mort sans pitié, viens moy saisir,
Plus tost que tard, si as loysir,
Puisqu'à chascun tu es commune ;
Car, pour en aymer bien fort une
Qui ne veult plaire à mon désir,
Tout m'est dueil.

Octavien de SAINT-GELAIS (1468-1502)

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 00:17
auteur né une année en 8 :
jardin du Stangalar photo Jalm cliquez sur l'image

L'étang dont le soleil chauffe la somnolence
Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
Les uns, sortis de l'eau, se dressent tout tremblants,
Et dans l'air parfumé leur tige se balance.

D'autres n'ont encor pu fièrement émerger :
Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
On les voit remuer doucement et nager :
L'eau frissonnante affleure aux bords de leur calice.

Edmond ROSTAND (1868-1918)
(Recueil : Les musardises)


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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 19:01
auteur né une année en 8 :
cours Dajot à Brest photo Jalm

Ce ne sont plus les jours des entreprises folles,
Où chaque obstacle était franchi d'un seul élan,
Où le coeur s'enivrait au doux miel des paroles,
Et se prenait aux noeuds d'un voile ou d'un ruban,
C'est l'heure où de la vie on comprend la chimère,
Où l'on sent qu'ici-bas tout n'est que vanité ;
Et ce dernier moment, ce moment éphémère,
Sera demain l'éternité.

On voit comme un présage une feuille qui tombe,
Un astre se voiler, une fleur se flétrir :
La nature, qui meurt, nous prépare à la tombe ;
On se sent jour à jour plus doucement mourir.
On a - quand du soir vient la brise salutaire, -
Les doux parfums avant le coucher du soleil,
Le tapis de gazon avant le lit de terre,
Le repos avant le sommeil.

Il est doux, - voyageur à la fin de sa course, -
Quand l'air lourd qu'on respire est un poids étouffant,
D'aller se rafraîchir à l'eau de cette source,
Où l'on s'est enivré lorsqu'on était enfant.
Et quand chaque bonheur loin de nous se retire,
Pour adoucir le choc de ce suprême adieu,
De porter ses regards vers le ciel, et de dire :
« Ayez pitié de moi, mon Dieu ! »

Jules de RESSÉGUIER (1788-1862)


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