3 juillet 2015
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Prose du transsibérien et de la petit Jeanne de France par Sonia Delaunay et Blaise Cendrars musée de Beaubourg photo Jalm, cliquez sur les liens
Freddy renaît tel un phénix de ses cendres,
manchot mais adroit d'une gauche qui se lave,
dans l'essuie-main du ciel1 où les oiseaux se gavent.
Le vin bourru est bu, les massues sont à prendre.
La braise est encor chaude aux ailes des abeilles,
quand la moisson de miel précède le cresson.
Sa droite disparait dans le giron d'Orion2,
après que dans la chambre soient gâchées les merveilles1.
Aux comptoirs des bistros1, il lève un coude fier.
Entre vin rouge1 et bleus s'insinue la lumière.
Des pâques newyorkaises3 naît l'homme nouveau,
et Jehanne4 entend la folie sonner le grelot.
La colombe se niche chez les boutiquiers1.
Les calicots1 affichent des vers sibériens
et les contrastes1 sont des lois simultanées
où les couleurs1 se lovent comme des sauriens.
C'est l'or de Cimabue1 qui enflamme le ciel
sur une Seine butinée de bateaux mouches1.
Dans les fumées d'usine les hommes se mouchent,
charlots des temps modernes trompés par le sel.
Le suisse brésilien s'en va voir les étoiles
sous une voie lactée le couvrant de son voile.
La brume du chariot5 fait pendant à la croix,
sous les arbres des Batignolles on y croit...
de Jean-Luc Aotret
1- Contrastes, dix-neuf poèmes élastiques Blaise Cendrars, Au sans pareil 1919
2- Orion, nuits étoilées, Le Formose Blaise Cendrars, Au sans pareil 1924
3- Les pâques à New-York, Du monde entier Blaise Cendrars, Gallimard 1919
4- La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, les hommes nouveaux 1913
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éditogramme
28 juin 2015
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affiche de Théophile-Alexandre Steinlen
pour en savoir plus sur le chat noir cliquez sur le lien
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tous ! les obscurs et les célèbres,
L’impie et le moine à genoux,
Nous cachons en vain nos dessous
À ses regards froids et funèbres !
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tant que l’Esprit n’est pas dissous,
Et que le sang bat les vertèbres,
Elle déchiffre nos Algèbres,
Et plonge au fond de nos remous.
La Conscience voit dans nous !
Maurice Rollinat (1846-1903)
Les Névroses
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le chat noir
1 juin 2015
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oliviers par Van Gogh en 1889, cliquez sur les liens
On descendrait, si vous l’osiez,
D’en haut de la terrasse,
Jusques au seuil, où s’embarrasse
Le pas dans les rosiers.
D’un martin pêcheur qui s’élance
L’éclair n’a que passé ;
Et la source, à son pleur glacé,
Alterne un noir silence.
L’Angelus, dans le couchant roux,
Comme un parfum s’efface.
Lilith, en détournant sa face,
A tiré les verroux.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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contrerimes
17 mai 2015
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cliquez sur le lien
Mon pauvre coeur, plein de douleur et de folie
n'a pu être affranchi de l'ivresse où l'a plongé l'amour de ma bien aimée.
Oh ! le jour où le vin de cet amour a été distribué,
ma portion a été sans doute puisée dans le sang de mon coeur !
Omar Khayyam (1046-1131) les roubaïates
Temps-pestif va être en vacances au moins une quinzaine de jours, Janus s'en va découvrir l'île de beauté à l'aune de son pas, merci de votre fidélité malgré une publication de plus en plus aléatoire. A bientôt, poétiquement vôtre...
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roubaïates
15 mai 2015
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fontaine à Logonna-Daoulas, cliquez sur le lien
Tes mains ! tes mains ! tes mains ! Qu’elles soient à jamais
Miennes. Et quand enfin les clartés incertaines
De l’aurore auront lui sur l’eau de ces fontaines
Et ces bois où s’attarde encore un vent mauvais,
Stuart Merrill
Une Voix dans la Foule : poèmes
extrait de Adagio
Mercure de France, 1909
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merrillades
11 mai 2015
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brebis sur les pâtures de Ouessant,cliquez sur le lien
La brebis et le chien, de tous les temps amis,
Se racontaient un jour leur vie infortunée.
Ah ! Disait la brebis, je pleure et je frémis
Quand je songe aux malheurs de notre destinée.
Toi, l'esclave de l'homme, adorant des ingrats,
Toujours soumis, tendre et fidèle,
Tu reçois, pour prix de ton zèle,
Des coups et souvent le trépas.
Moi, qui tous les ans les habille,
Qui leur donne du lait, et qui fume leurs champs,
Je vois chaque matin quelqu'un de ma famille
Assassiné par ces méchants.
Leurs confrères les loups dévorent ce qui reste.
Victimes de ces inhumains,
Travailler pour eux seuls, et mourir par leurs mains,
Voilà notre destin funeste !
Il est vrai, dit le chien : mais crois-tu plus heureux
Les auteurs de notre misère ?
Va, ma soeur, il vaut encor mieux
Souffrir le mal que de le faire.
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)
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né une année en 5
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rivage de Plouescat, cliquez sur le lien
Les parfums de juillet brûlent dans le silence
D’une trop vaste et trop puissante volupté.
Vers l’azur ébloui, comme un oiseau, s’élance,
En des battements fous, mon cœur ivre d’été.
Jean de La Ville de Mirmont (1886-1914)
L’Horizon chimérique Recueil posthume 1920
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horizon chimérique
5 mai 2015
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affiche de Théophile-Alexandre Steinlen
pour en savoir plus sur le chat noir
À la mémoire de mon frère Émile Rollinat.
Dans les yeux de l’Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.
Tous nos rires, tous nos vacarmes
Sanglotent leur inanité !
En vain l’orgueil et la santé
Sont nos boucliers et nos armes,
Dans les yeux de l’Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.
Et l’inerte Fatalité
Qui se repaît de nos alarmes,
Sourit à l’océan de larmes
Qui roule pour l'éternité
Dans les yeux de l’Humanité !
Maurice Rollinat (1846-1903)
Les Névroses
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2 mai 2015
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les charités de Sandro Botticelli
Que les jours sont charmants, quand les volantes nues
Étendent sur nos chefs leurs ombres continues,
Et cachant du soleil la trop grande splendeur,
Tempèrent sa lumière et domptent son ardeur !
Sans attendre du soir l'heure moins éclairée,
Je puis abandonner la demeure dorée ;
Et dans un air plus libre, un lieu moins fréquenté
Peut donner aux pensers une ample liberté.
Les fleurs de ce parterre ont leur beauté plus vive,
Ne baissant point le chef sous l'ardeur excessive.
Doux astres de la terre, éblouissantes fleurs,
Qui brillez à l'envi de diverses couleurs,
Beaux jeux de la nature, un doux zéphyr vous flatte,
Baisant de votre teint la beauté délicate,
Et vous souffrez l'amour de ces chastes zéphyrs,
Qui n'osent vous baiser qu'avecque leurs soupirs.
L'amour pour la beauté devrait être innocente,
Comme de ces doux vents l'haleine frémissante.
Ô papillons légers qui sur les fleurs errez,
D'un agréable émail comme elles bigarrés,
Autrefois humbles vers rampant dessus les herbes,
Maintenant fendant l'air de vos ailes superbes,
L'homme de votre sort doit bien être jaloux ;
Ou plutôt le chrétien doit apprendre de vous
Qu'ayant rampé longtemps dessus la terre basse,
Il doit voler au ciel sur l'aile de la grâce. [...]
Jean DESMARETS DE SAINT-SORLIN (1595-1676)
(Troisième promenade)
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né une année en 5
27 avril 2015
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Le mas d'Arles Paul Gauguin 1888
J’ai vu le Diable, l’autre nuit ;
Et, dessous sa pelure,
Il n’est pas aisé de conclure
S’il faut dire : elle, ou : lui.
Sa gorge, — avait l’air sous la faille,
De trembler de désir :
Tel, aux mains près de le saisir,
Un bel oiseau défaille.
Telle, à la soif, dans Blidah bleu,
S’offre la pomme douce ;
Ou bien l’oronge, sous la mousse,
Lorsque tout bas il pleut.
— " Ah ! " dit Satan, et le silence
Frémissait à sa voix,
« Ils ne tombent pas tous, tu vois,
Les fruits de la Science " .
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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