blochet représentant la foi dans l'église de Roscoff photo jalm, cliquez sur les liens

En fermant les volets, j'ai regardé le ciel
Car on ne sait jamais avec Père Noël,
Il serait bien capable d'arriver plus tôt
(Et) afin de venir s'offrir un apéro.

Jakez

blochet représentant l'espérance dans l'église de Roscoff photo jalm, cliquez sur les liens

Un blochet est un élément de charpente qui placée horizontalement forme une jambe de force avec le pied d'un arbalétrier. Dans les églises du XVI ème siècle, notamment bretonnes, cet élément est souvent sculpté et décoré afin de participer à la statuaire de l'édifice religieux destinée à éclairer les fidèles par son langage imagé tel celui de l'allégorie. Il n'en faut donc pas plus pour l'associer à la poésie du merveilleux de l'attente de noël dans ces temps de plus en plus sombres qui nous mènent vers le solstice d'hiver.

La cheville, qui est aussi une pièce de charpente, est également en poésie un mot, une expression ou une syllabe inutile rajoutée dans un vers pour obtenir le bon compte de pieds exigé par le rythme choisi à l'instar du "Et" utilisé par Stéphane Mallarmé dans cet extrait du poème "Brise marine" que voici :

D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
(Et) ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je vous propose donc pour illustrer poétiquement notre calendrier de l'Avent 2015 d'écrire des petits poèmes imagés comme les blochets qui les illustreront en nous inspirant de la cheville et de la prosodie de Mallarmé.

règle : composez un quatrain (strophe de 4 vers) d'alexandrains (vers de 12 pieds) sur 2 rimes plates (a,a,b,b) sur le thème de la veille dans la nuit. Glissez-y au moins une métaphore (analogie) et la cheville "et", deux lettres  empruntées à la terminaison du mot blochet, et vous obtiendrez un petit poème que j'appellerais bien une "Blocheville" comme celle-ci :

Penché sur l'écritoire le poète espère
que la nuit éclairera d'une autre manière
sa quête d'absolu, sa recherche des mots.
(Et) déjà l'aube est là qui va poser son sceau.

de Jean-Luc Aotret

Prenez vos plumes comme des flambeaux pour éclairer vos vers d'images lumineuses jusqu'au bout des nuits d'hiver.

les alyscamps par Van Gogh, cliquez sur les liens

A Londres je connus Bella,
Princesse moins lointaine
Que son mari le capitaine
Qui n’était jamais là.

Et peut−être aimait−il la mangue ;
Mais Bella, les Français
Tels qu’on le parle : c’est assez
Pour qui ne prend que langue ;

Et la tienne vaut un talbin.
Mais quoi ? Rester rebelle,
Bella, quand te montre si belle
Le désordre du bain ?

Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929

"la veille du déluge" par William Turner, cliquez sur les liens

L'ange a rencontré la fille des hommes.
La mère porte en son sein l'enfant comme
l'arche est enceinte de tous les vivants.
Auprès du juste descendant d'Adam,
dorment le lion et les bêtes de somme.

de Jean-Luc Aotret

extrait du déluge in Enlumimurs

Je suis tel que m'a produit ta puissance. J'ai vécu cent ans,
comblé de ta bienveillance et de tes bienfaits.
Je voudrais cent ans encore commettre des péchés
et voir si la somme de mes fautes l'emporterait sur celle de ta miséricorde.