Dans la catégorie des proverbes, les dictons qui, à l'instar des aphorismes peuvent avoir un caractère éminemment poétique, constatent objectivement un fait. Ceux de la saint Vincent, patron des vignerons, fêté le 22 janvier, ne dérogent pas à la règle, jugez-en plutôt :
Saint-Vincent clair et beau,
c'est plus de vin que d'eau.
En février 2007, nous avions utilisé la forme du "triolet" pour créer des "Valentins" destinés à célébrer l'amour. Ce mois-ci je vous propose de réutiliser cette forme fixe ancêtre du "rondeau" pour célébrer le retour du vin au sarment en créant des "Vincendeaux", clin d'oeil à notre ami Jacques de Nantes dont c'est le patronyme.
grappe de raisin de la cathédrale de Bourges photo Jalm, cliquez sur l'image
règle : sur le thème de la saint Vincent, composez un huitain (strophe de 8 vers) d'hexamètres (vers de 6 pieds) sur 2 rimes alternant de la manières suivante : a,b,a,a,a,b,a,b. Mettez en guise de vers 1, 4 et 7 le vers : "Saint-Vincent clair et beau" et reprenez le vers 2 en fin de poème. Vous obtiendrez alors un triolet que j'appellerais bien un "Vincendeau" comme celui-ci :
Saint-Vincent clair et beau,
le vin monte au sarment
et bientôt au tonneau.
Saint-Vincent clair et beau,
c'est plus de vin que d'eau.
Le vigneron le sent,
Saint-Vincent clair et beau,
le vin monte au sarment.
de Jean-Luc Aotret
Humez l'air ambiant de cette fin de janvier et ne prenez pas votre plume en vain, mais écrivez-nous un petit texte qui sentira déjà bon les vendanges...
Vous êtes bien entendu chaleureusement conviés à glisser vos créations et vos appréciations dans les commentaires.
Sois sur tes gardes, ami, car tu seras séparé de ton âme :
tu iras derrière le rideau des secrets de Dieu.
Bois du vin, car tu ne sais pas d'où tu es venu ;
sois dans l'allégresse, car tu ne sais pas où tu iras.
Omar Khayyam (1046-1131) les roubaïates
auteur né une année en 1 :
rade de Brest enneigée photo Jalm, cliquez sur l'image
Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.
Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.
Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,
Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
chemin du Pénity à Landévénnec photo Sélène, cliquez sur l'image
à Evelyne,
Si près
du bord des choses
qu'emporteras-tu ?
Tout ce qui pleure à l'intérieur
et me lave les yeux
à la nuit pure,
ce qui me rend à la première enfance
et aux secrets des chemins creux.
N'oublies-tu rien ?
Les ellébores lie-de-vin,
le nuages de lilas mauves et ce désir
d'ailleurs où s'irisent les heures
de l'arrière-saison.
Gilles Baudry