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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 00:11
Le pauvre pion

affiche de Théophile-Alexandre Steinlen pour en savoir plus sur le chat noir cliquez sur le lien

 

Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.

 

Bien sûr que le pauvre diable n’a pas de mère
pour le consoler doucement de sa misère.

 

Il vit comme cela, pion dans une boîte,
et passe parfois sur son front froid sa main moite.

 

Avec ses bras il fait un coussin sur un banc
et s’assoupit un peu comme un petit enfant.

 

Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse
se mêle à sa barbe dure, grise et crasseuse.


Il économise pour se faire soigner.
Il a des douleurs. C’est trop cher de se doucher.

 

Alors il enveloppe dans un pauvre linge
tout son pauvre corps misérable de grand singe.

 

Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.


1888.

 

De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir : 1888-1897
Mercure de France, 1921 (17e éd.) (p. 7-8).
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25 avril 2018 3 25 /04 /avril /2018 06:39
Sonnet morne

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Il pleut, et le vent vient du nord.
Tout coule. Le firmament crève.
Un bon temps pour noyer son rêve
Dans l’Océan noir de la mort !

 

Noyons-le. C’est un chien qui mord.
Houp ! lourde pierre et corde brève !
Et nous aurons enfin la trêve,
Le sommeil sans vœu ni remord.

 

Mais on est lâche ; on se décide
À retarder le suicide ;
On lit ; on bâille ; on fait des vers ;

 

On écoute, en buvant des litres,
La pluie avec ses ongles verts
Battre la charge sur les vitres.

 

Jean Richepin (1849-1926)

recueil la chanson des gueux

 

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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 00:21
LA CRÉOLE

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Voici l’heure décolorée :
La créole a quitté l’ombrelle
Et bâille dans son hamac frêle
Au bruit de la vague éplorée.

 

Les chatoiements du clair de lune
Vont et viennent sur sa peau brune :

 

Cependant que sur l’âpre dune
Les algues soufflent leur parfum.
Plus d’un boa cherchant fortune
Dans la forêt se traîne à jeun,

 

Et les colibris, un par un,
S’effacent dans le jour défunt.

 

Gracieux fantôme indistinct,
Elle dort d’un sommeil profond,
Et la couleur de l’air se fond
Avec la couleur de son teint.


Maurice Rollinat (1846-1903)

Les âmes - Les Névroses

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26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 00:31
les sables sauvages

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Mélancolique mer que je ne connais pas,
Tu vas m’envelopper dans ta brume légère ;
Sur ton sable mouillé je marquerai mes pas,
Et j’oublierai soudain et la ville et la terre.


O mer, ô tristes flots, saurez-vous, dans vos bruits,
Qui viendront expirer sur les sables sauvages,
Bercer jusqu’à la mort mon cœur, et ses ennuis
Qui ne se plaisent plus qu’aux beautés des naufrages ?


Jean MORÉAS (1856-1910)

Les Stances
Société du Mercure de France, 1905

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7 septembre 2017 4 07 /09 /septembre /2017 00:31
Rousse

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Elle a la peau douce,
Aux taches de son,
À l’odeur de rousse
Qui donne un frisson,
Et de sa prunelle,
Aux tons vert-de-gris,
L’amour étincelle
Dans ses yeux d’souris.
 

Aristide Bruant
(1851-1925)
extrait de Nini Peau d’Chien, Dans la Rue : chansons et monologues
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11 avril 2017 2 11 /04 /avril /2017 00:41
Les Bouquins

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Tu me vois quelquefois triste, énervé, grincheux,
— Quand j’ai fumé surtout mes pipes allemandes
En travaillant longtemps — alors, tu me demandes
D’où vient l’expression si dure de mes yeux.

 

Tu me dis que mes grands bouquins sont ennuyeux
Comme les pins et leurs petits pots dans les landes ;
C’est vrai : viens… tes baisers sont comme des amandes :
Ils ont un parfum blanc : ils sont délicieux.

 

T’aimer bien, ça vaut mieux que de rimer des strophes
Ou que d’étudier de tristes philosophes.
Dans un livre savant, hier soir, je lisais :

 

On y voulait prouver d’une façon notoire
Que la réalité n’est qu’ « hallucinatoire » ;
Je suis halluciné, chère, par tes baisers.



1894. recueil VERS

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28 mars 2017 2 28 /03 /mars /2017 00:09
Caresse

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Tu m'as pris jeune, simple et beau,
Joyeux de l'aurore nouvelle ;
Mais tu m'as montré le tombeau
Et tu m'as mangé la cervelle.

 

Tu fleurais les meilleurs jasmins,
Les roses jalousaient ta joue ;
Avec tes deux petites mains
Tu m'as tout inondé de boue.

 

Le soleil éclairait mon front,
La lune révélait ta forme ;
Et loin des gloires qui seront
Je tombe dans l'abîme énorme.

 

Enlace-moi bien de tes bras !
Que nul ne fasse ta statue
Plus près, charmante ! Tu mourras
Car je te tue - et je me tue.

 
Charles Cros (1842-1888)

in Le collier de griffes

 

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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 00:11
Le silence

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À Mademoiselle A. H.
 
Le silence est l’âme des choses
Qui veulent garder leur secret.
Il s’en va quand le jour paraît,
Et revient dans les couchants roses.

 

Il guérit des longues névroses,
De la rancune et du regret.
Le silence est l’âme des choses
Qui veulent garder leur secret.

 

À tous les parterres de roses
Il préfère un coin de forêt
Où la lune au rayon discret
Frémit dans les arbres moroses :
Le silence est l’âme des choses.


Maurice Rollinat (1846-1903)

Les Névroses

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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 00:40
Le front bas

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Dans la glace ils marchaient, les uns après les autres,
Tous les actes mauvais et louches, le front bas,
Mâchonnant dans leurs dents d’obscènes patenôtres ;
Et leur procession avançait pas à pas.
Derrière eux, les secrets calculs, les vilenies
Que tu fuis, ô mon cœur, et qu’en vain tu renies,
Comme des nains bossus agitaient de grands bras.

                
Émile Goudeau
extrait de La Ronde du remords
recueil : Fleurs du bitume, petits poèmes parisiens
Paul Ollendorff, éditeur, 1895

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 00:49
Il pleure

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Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

 

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

 

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

 

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

 

Paul VERLAINE   (1844-1896)

Recueil : Romances sans paroles

 

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L'univers d'An Amzer

 

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