Au large, dans l'attrait d'un fier isolement,
Apparaissent les îles
Où parfois en rêveur, en chasseur, en amant
À la sourdine on file.
N'importe où l'on aborde, avidement on fait
Le tour de son royaume,
Et la tente, sitôt dressée, est un palais
Que l'atmosphère embaume.
On se trouve lié d'instinct aux voyageurs
De tout bateau qui passe.
On a de l'intérêt pour les hérons guetteurs
Grimpés sur leurs échasses.
On muse sur la grève, on fauche pour son lit
Les rouges salicaires
Par quoi l'île transforme en élégants replis
Marais et fondrières.
L'éloignement du monde infuse dans l'air pur
Un subtil aromate.
On écoute en son cœur, près de l'eau, sous l'azur
Chanter une sonate.
On s'en revient les yeux fixés là-bas, et tel
Qu'aux jours de sa bohème ;
Heureux d'avoir été, dans le calme archipel,
Splendidement soi-même.
Puis la ville m'est apparue déserte.
Tous les volets étaient fermés. Faut il
partir pour aller voir ailleurs où ils
s'en sont allés ? Pour l'instant, je disserte
tandis que les premiers pêcheurs d'avril
atténués par les brumes m'émerveillent.
Au soleil sur l'aubier frais tronçonné
d'un saule trembleur, mon nez est saisi
par les senteurs et quelques chanteries
d'un rossignol venu me rire au nez
A la pointe de l'île d'Offard
16 avril 2008
Recueil : Cours s'il pleut . Gallimard
Comme une halte sur la mer
Une escale dans le grand bleu,
L’immobile vaisseau de pierre
Qui rêve de voguer un peu.
Comme voilure une montagne
En suspens sur des galets bruns,
Drape la côte avec un pagne
En tissu de volcan éteint.
Comme fanion, une éolienne
En pavois sous le vent d’Egée,
A contre-courant, à l’ancienne
Electrise l’éternité.
Comme en bord de route, un autel
Une chapelle de poupée,
A la mémoire fait appel
Pour une âme à sauvegarder.
Comme le temps en somnolence
Invite à la pause en chemin,
Un âne pris dans l’indolence
Retient son pas au lendemain.
Comme un vieil homme sur la selle
Qui va l’amble en douce cadence,
Ici personne n’étincelle
Sous le ciel en incandescence.
Comme une plage sous l’ombrelle
Comme un lagon sous l’olivier,
Comme une lumière irréelle
Comme un Eden imaginé.
Jacques Premel-Cabic
Membre de l'Association AN AMZER POESIE
à mon Père, in memoriam.
Le voici sur la mer
Sur son île au trésor,
Au grand large, un amer
Pointe son orbe d’or.
Qu’il est beau le réveil
A l’aurore d’été,
D’un morceau de soleil
Sur le rail azuré.
Alors émerveillé
Il a lâché la barre,
Son canot à l’arrêt
Son regard à l’amarre.
Les casiers attendront
Entre sable et rochers
Reposant sur le fond
Avec leurs araignées.
Au théâtre de l’onde
Des festons plein la tête,
Dans le matin du monde
Le pêcheur est poète.
Jacques Premel-Cabic
Membre de l'Association An Amzer Poésie
A Palma de Majorque
Tout le monde est heureux.
On mange dans la rue
Des sorbets au citron.
Des fiacres, plus jolis
Que des violoncelles,
Vous attendent au port
Pour vous mettre à l'hôtel.
Racontez-moi encore
Palma des Baléares;
Je ne connais qu'une île
Au milieu de la Marne.
Elle est petite, en tôle,
Comme un tir de la foire ;
Mon coeur est l'oeuf qui danse
Sur le haut du jet d'eau.
Monsieur le photographe,
Un oiseau va sortir.
La noce qui s'embarque...
Je reste seul sauvage.
Marquises, Carolines,
Votre nom sur la carte.
Grave le mien dans l'arbre
Près de la balançoire.
Express et paquebots
Qui bercent nos voyages,
Ce sont les bateaux-mouche
Et les trains de plaisir.
Jean Cocteau
C’est un même océan qui coule dans leurs veines
Entrechoc de rochers également aimés
Hoëdic et Ouessant, mes deux îles, mes deux reines,
En mon âme palpitent deux maternités !
Il y a de cela quelque marée lointaine
Où mes yeux ont uni en un même horizon,
Leurs exils entourés d’une mer souveraine,
Pour baigner de tendresse leurs cœurs à l’unisson.
Point de basses rancoeurs, point de jalousies vaines,
Pourtant mes père et mère ont parfois comparé
Leurs deux vierges beautés, leurs reines souveraines
Pour les porter aux nues, les mieux encenser!
Quel étrange destin, du sort quelle ironie,
Deux îles égarées au fond d’un océan,
D’où naît un seul amour qui me donna la vie,
Ouessant et Hoëdic, Hoëdic et Ouessant !...
Annie Avril. Juin 2010.
Membre de l'Association AN AMZER POESIE
(extrait ../...)
C’est un rien surgi à la frange
Des ciels et courants fous
Roche d’oiseaux et de couleurs
Une île sans âge sans arme
Comme le perce-neige
Sous la longue étole du vent.
L’île ruisselle de bruyères
D’un étonnant silence
Près des murs ou des haies
Où de brefs parterres de roses
Écoutent le bouche à oreille
De l’océan et des nuages.
Si haute si fière au ponant
Sur la paroi des horizons
Éprise d’être au monde
Il y a Ouessant
Et l’âme de sa patience
Sans angoisse au cœur de l’immense.
Edition Minihi Levenez
Je rêve d’un pays vivant
je rêve d’une île
de jasmins et de camélias
où la joie épousera le temps
sous les regards des étoiles
je rêve du jour
où j’écrirai sur les monts
sur les visages des femmes et des hommes
un poème
une chanson
pour reverdir mon pays
je rêve d’une île
d’un pays
d’un coin de terre
où les femmes ont les yeux pour éclairer l’espace
je rêve d’un pays vivant
où les enfants ne mourront point de désespoir…
je rêve de belles nuits tendres
à passer sous les éclats de la lune
je rêve de baisers parmi nos bambous
nos cocotiers et nos bordures de mer
je rêve de plages
de sources d’eau
jaillissantes des montagnes d’autrefois
je rêve d’une Haïti miélée
mon île de roses étincelantes
je t’aime avec les fortes intensités de l’amour
invitation à écouter un très beau poème, lu par l'auteur
poète martiniquais
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