affiche de Théophile-Alexandre Steinlen
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Le Séraphin des soirs passe le long des fleurs…
La Dame-aux-Songes chante à l’orgue de l’église ;
Et le ciel, où la fin du jour se subtilise,
Prolonge une agonie exquise de couleurs.
Le Séraphin des soirs passe le long des cœurs…
Les vierges au balcon boivent l’amour des brises ;
Et sur les fleurs et sur les vierges indécises
Il neige lentement d’adorables pâleurs.
Toute rose au jardin s’incline, lente et lasse,
Et l’âme de Schumann errante par l’espace
Semble dire une peine impossible à guérir…
Quelque part une enfant très douce doit mourir…
O mon âme, mets un signet au livre d’heures,
L’Ange va recueillir le rêve que tu pleures.
Albert Samain (1858-1900)
extrait de soirs
recueil : Au jardin de l'infante (1893)
auteur né une année en 4 :
pen ty à Plougasnou photo Jalm, cliquez sur l'image
Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d'espaliers odorans,
Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfans,
Posseder seul sans bruit une femme fidèle,
N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
Ni de partage à faire avecque ses parens,
Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands,
Régler tous ses desseins sur un juste modèle,
Vivre avecque franchise et sans ambition,
S'adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter ses passions, les rendre obéissantes,
Conserver l'esprit libre, et le jugement fort,
Dire son chapelet en cultivant ses entes,
C'est attendre chez soi bien doucement la mort.
Christophe PLANTIN (1514-1589)
la chambre à coucher à Arles par Van Gogh en 1888, cliquez sur l'image
Tel variait au jour changeant
— avec l’or de tes boucles,
le sang d’un collier d’escarboucles
dans ma tasse d’argent
qui, tout de roses couronnée,
— sur la ligne où se joint
l’ombre au soleil-jetait au loin
une pourpre alternée ;
Lilith, et, telle, un jour d’été,
j’ai vu noircir ta joue,
quand le désir trouble, et déjoue,
ta pliante fierté.
(Talmud babylon.)
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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Jusqu'à quand l'échec de tes entreprises te chagrinera-t-il ?
Le tourment est le partage de ceux qui craignent l'avenir.
Vis dans la joie, n'afflige pas ton coeur des soucis de ce monde,
sache que le vin n'augmente en rien l'amertume des peines.
Omar Khayyam (1046-1131) les roubaïates
coucher de soleil à Orvault photo jalm, cliquez sur l'image
Carpe diem
Au solstice de juin
Je vois dans le lointain,
Le ciel allumer vingt
Drapeaux américains.
Au solstice de juin
Je vois danser au loin,
Une ourse avec un chien
Sous le toit du jardin.
Au solstice de juin
Une pensée me vient,
Et si soir et matin
Un jour ne faisaient qu’un.
Au solstice de juin
Une pensée m’étreint,
De voir un jour prochain
La nuit tous feux éteints.
Mais oublions demain
Au solstice de juin,
Ce soir on est si bien
Sous le ciel du jardin.
Jakez
Temps-pestif va être en vacances jusqu'au 1er juillet, Janus s'en va sur les pas de Gauguin et de Van Gogh du côté d'Arles, merci de votre fidélité et à très bientôt
auteur né une année en 4 :
forum de Rome photo Jalm, cliquez sur l'image
À Maurice Nicolle.
L'illustre ville meurt à l'ombre de ses murs ;
L'herbe victorieuse a reconquis la plaine ;
Les chapiteaux brisés saignent de raisins mûrs.
Le barbare enroulé dans sa cape de laine
Qui paît de l'aube au soir ses chevreaux outrageux,
Foule sans frissonner l'orgueil du sol Hellène.
Ni le soleil oblique au flanc des monts neigeux,
Ni l'aurore dorant les cimes embrumées
Ne réveillent en lui la mémoire des dieux.
Ils dorment à jamais dans leurs urnes fermées,
Et quand le buffle vil insulte insolemment
La porte triomphale où passaient des armées,
Nul glaive de héros apparu ne défend
Le porche dévasté par l'hiver et l'automne
Dans le tragique deuil de son écroulement.
Le sombre lierre a clos la gueule de Gorgone.
Pierre QUILLARD (1864-1912)