modillon de l'église de Surgères photo Jalm, cliquez sur l'image
Quand l’hiver est là
Sous son vilain masque,
Le soleil s’en va
Quand l’hiver est là.
Voilà les frimas
Avec leurs bourrasques,
Quand l’hiver est là
Noirs sont les fantasmes.
Dông Phong
modillon de la basilique St Nazaire photo Jalm, cliquez sur l'image
les masques de pierre
jettent leur regard
hagard sur l'hiver
les masques de pierre
crachent leur colère
au pied des remparts
les masques de pierre
jettent leur regard
de Jean-Luc Aotret
Un modillon est un élément d'architecture qui sert à soutenir une corniche, un avant-toit ou un balcon. Il se différencie du corbeau par le fait qu'il est sculpté. Il y en a de très nombreux exemples, en particulier les lignes de modillons sur les églises romanes. Souvent effrayantes à l'instar des gargouilles des sanctuaires chrétiens, on peut penser que ces sculptures, sont également destinées à faire fuir les mauvais esprits. Il n'en faut donc pas plus pour les associées aux mascarades d'hiver ayant la même vocation durant les temps sombres d'avant et d'après Noël, depuis la toussaint jusqu'à la mi-carême.
Le rondeau doit son nom aux rondes, telles celles des mascarades, que l'on dansait en le chantant et ce, dès le 14ème siècle. Il y a eu beaucoup de variations du rondeau, celui de François VILLON est d'une forme particulièrement originale et concise jugez-en plutôt :
Jenin l’Avenu
Va-t’en aux étuves,
Et toi la venu,
Jenin l’Avenu,
Si te lave nu
Et te baigne ès cuves.
Jenin l’Avenu,
Va-t’en aux estuves.
Je vous propose donc pour illustrer poétiquement notre calendrier de l'Avent 2014 d'écrire des petits rondeaux sur ces masques pétrifiés qui menacent les mauvais esprits de l'hiver en nous inspirant de la prosodie de maître François.
règle : composez deux quatrains (strophes de 4 vers) de pentasyllabes (vers de 5 pieds) sur 2 rimes (a,b). Disposez sous la forme (a,b,a,a) dans la première strophe et alternée (a,b,a,b) dans la seconde strophe. Répétez le premier vers à la fin de la première strophe et au troisème vers de la seconde et vous obtiendrez un petit poème que j'appellerais bien un "Modivillon" comme celui-ci :
modillon de la basilique St Nazaire photo Jalm, cliquez sur l'image
les maudites faces
s'affrontant au vent
d'autan nous menacent
les maudites faces
nous font la grimace
facétieusement
les maudites faces
s'affrontant au vent
Utilisez vos plumes comme les ciseaux de sculpteurs de vers pour évoquer ces grimaçantes faces narguant l'obscurité hivernale.
auteur né une année en 4 :
oeil de Lilia à Plouguerneau photo Jalm, cliquez sur l'image
L'homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l'homme à l'humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n'agis qu'à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu'ils soient de Château-l'Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d'où qu'ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m'entretient !
Alphonse ALLAIS (1854-1905)
arc en ciel sur Plougastel-Daoulas photo Jalm, cliquez sur l'image
C’est la bonne pluie bénie de Dieu
Qui rafraîchit la nuque du vagabond ;
C’est la bonne pluie du paradis des cieux
Qui féconde l’œuvre du tâcheron ;
C’est la bonne pluie qui fait rire les yeux
De ceux qui savent qu’ils mourront.
Et voici le signe de l’arc-en-ciel
Sur les maisons jaunes du village,
D’où les enfants, avec des corbeilles,
Stuart Merrill
Une Voix dans la Foule : poèmes
extrait de Foi
Mercure de France, 1909
auteur né une année en 4 :
clair de lune de Carl Gustav Carus, cliquez sur l'image
Ô le second honneur des celestes chandelles,
Asseuré calendrier des fastes eternelles,
Princesse de la mer, flambeau guide-passant,
Conduy-somme, aime-paix, que diray-je, ô croissant,
De ton front inconstant, qui fait que je balance
Tantost ça tantost là d'une vaine inconstance,
Si par l'oeil toutesfois l'humain entendement
De corps tant esloignez peut faire jugement,
J'estime que ton corps est rond comme une bale,
Dont la superficie en tous lieux presque égale
Comme un miroir poli, or dessus or dessous,
Rejette la clarté du soleil, ton espoux.
Guillaume de Salluste DU BARTAS (1544-1590)
extrat d'Éloge à la lune, Recueil : La sepmaine