Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 00:24
Parceval

Perceval à la recluserie miniature d'un manuscrit de Poitiers du XVe, cliquez sur les liens


Quand j'ois parler d'un prince et de sa cour,
Et qu'on me dit : Fréquentez-y, beau sire,
Lors je réponds : Mon argent est trop court,
J'y dépendrais, sans cause, miel et cire :
Et qui de cour la hantise désire,
Il n'est qu'un fol, et fût-ce Parceval ;
Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire,
Très bien monté, puis soudain sans cheval.

 

Jean BOUCHET (1476-1557)
extrait d'une ballade

Partager cet article
Repost0
5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 00:59
Pour quel saint nouveau

jardin minéral zen de l'île Versailles à Nantes photo Jalm, cliquez sur les liens

 

Je te vais sur cela prouver deux vérités :
L'une, que le travail, aux hommes nécessaire,
Fait leur félicité plutôt que leur misère ;
Et l'autre, qu'il n'est point de coupable en repos.
C'est ce qu'il faut ici montrer en peu de mots.
Suis-moi donc. Mais je vois, sur ce début de prône,
Que ta bouche déjà s'ouvre large d'une aune,
Et que, les yeux fermés, tu baisses le menton.
Ma foi, le plus sûr est de finir ce sermon.
Aussi bien j'aperçois ces melons qui t'attendent,
Et ces fleurs qui là-bas entre elles se demandent,
S'il est fête au village, et pour quel saint nouveau,
On les laisse aujourd'hui si longtemps manquer d'eau.

 

Nicolas BOILEAU (1636-1711)
extrait de "à mon jardinier" Epître XI

Partager cet article
Repost0
9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 12:37
Phaéton

Madeleine de L'Aubespine par François Clouet (1515–1572), cliquez sur les liens

 

Tant de flamme et d’amour dont tu vas allumant
La nuit de mes esprits que ta Muse éternise
Font que je me tiens chère et me plaise et me prise,
Car je ne puis faillir suivant ton jugement.

 

Mon esprit, qui devant se traînait bassement,
Prétend voler au Ciel si tu le favorises,
Donc, ô divin Ronsard, aide à mon entreprise,
Je sais bien que sans toi j’oserais vainement.

 

Ainsi que Phaéton, d’une audace nouvelle,
Puisqu’ô mon Apollon, ta fille je m’appelle,
Je te demande un don, gage de ton amour.

 

Montre-moi le chemin et la sente inconnue,
Par qui tant de lumière en la France est venue,
Et qui rend ton renom plus luisant que le jour.

 

Callianthe alias Madeleine de l'AUBESPINE (1546-1596)

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 22:11
Sancta Lilias 1874

Sancta Lilias 1874

"la demoiselle élue" poème et tableau de Dante Gabriele Rossetti 1878, cliquez sur les liens

 

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

 

Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

 

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

 

À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

 

Félix ARVERS (1806-1850)
Recueil : Mes heures perdues

 

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2006 7 31 /12 /décembre /2006 02:45

Pour terminer l'année en beauté, voici trois beautés nées une année terminée par 6 :

Les Morts

... Les Morts aimés sont les hôtes aux mains discrètes
Qui demandent leur pain quotidien, sans bruit,
Ils ne viennent jamais nous troubler dans nos fêtes,
Mais veulent partager l'angoisse de nos nuits. [...]

Isabelle KAYSER (1866-1925)

Le coeur

Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon...
- Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d'ouïr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer.
- Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure.
- Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.
- Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit...

Anna de NOAILLES (1876-1933) 
(Recueil : Le coeur innombrable)

Ah ! ne me dites pas...

Ah ! ne me dites pas que la vie est un rêve,
Une ombre qui s'enfuit et flotte sous mes pas ;
C'est le temps de la lutte, et si rien ne s'achève,
L'éternel avenir a son germe ici-bas.

La vie est un combat, la vie est une arène
Où le devoir grandit du triomphe obtenu ;
C'est le sentier qui monte, et pas à pas nous mène
Aux sommets d'où la vue embrasse l'inconnu.

Madame de PRESSENSÉ (1826-1901) 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2006 6 30 /12 /décembre /2006 02:12

Voici 6 auteurs dont l'année de naissance se termine par 6 :

Je disais l'autre jour...

Je disais l'autre jour ma peine et ma tristesse
Sur le bord sablonneux d'un ruisseau dont le cours
Murmurant s'accordait au langoureux discours
Que je faisais assis proche de ma maîtresse.

L'occasion lui fit trouver une finesse :
Silvandre, me dit-elle, objet de mes amours,
Afin de t'assurer que j'aimerai toujours,
Ma main dessus cette eau t'en signe la promesse.

Je crus tout aussitôt que ces divins serments,
Commençant mon bonheur, finiraient mes tourments,
Et qu'enfin je serais le plus heureux des hommes.

Mais, ô pauvre innocent, de quoi faisais-je cas ?
Étant dessus le sable elle écrivait sur l'onde,
Afin que ses serments ne l'obligeassent pas.

Pierre de MARBEUF (1596-1645) 

À une dame qui lui demandait des énigmes

Je suis en même temps et de glace et de flamme,
La crainte et le désir accompagnent mes pas,
Ma peine a ses plaisirs, mon mal a ses appas
Et ma propre douleur me tient lieu de dictame.

En cet étrange état où souvent je me pâme,
J'ignore également la vie et le trépas.
Les endroits où je suis, c'est où je ne suis pas
Et j'ai du mouvement, bien que je sois sans âme.

Mon esprit de mon corps est toujours dégagé,
Un astre fait la nuit où je me vois plongé,
Un aveugle me guide, un enfant me conseille.

Je suis dans la prison et j'erre en mille lieux.
Voilà le seul énigme, adorable merveille,
Où ne pénètre point la clarté de vos yeux.

Claude MALLEVILLE (1596-1647) 

Crépuscule pluvieux

À Rodolphe Darzens.

L'ennui descend sur moi comme un brouillard d'automne
Que le soir épaissit de moment en moment,
Un ennui lourd, accru mystérieusement,
Qui m'opprime de nuit épaisse et monotone.

Pourtant nul glorieux amour ne m'a blessé,
Et c'est sans regretter les heures envolées
Que je revois au loin, vagues formes voilées,
Mes souvenirs errants au jardin du passé.

Et pourtant, maintenant, dans l'horreur languissante
D'un soir de pluie et dans la lente obscurité,
Je sens mon coeur que nul amour n'a déserté
Mélancolique ainsi qu'une chambre d'absente.

Éphraïm MIKHAËL (1866-1890) 

Une paisible et longue jouissance

Une paisible et longue jouissance
Fait les dégoûts et détruit la constance
Car s'attacher toujours au même bien
C'est posséder et ne sentir plus rien
Aussi, Philis, il faut être inconstante
Vous reprendrez votre premier usage
En reprenant votre premier visage
Et le retour de vos légèretés
Nous fera voir celui de vos beautés
Il faut brûler d'une flamme légère
Vive, brillante et toujours passagère
Être inconstante aussi longtemps qu'on peut
Car un temps vient que ne l'est pas qui veut.

Charles de Marguetel de SAINT-ÉVREMOND (1616-1703) 

Hymne des siècles nouveaux

Notre règne est venu. L'avenir, c'est la vie.
De son chemin d'hier notre vaisseau dévie,
Ô peuples désolés,
Pour guider vers le port vos rames et vos voiles,
Il faut un autre phare, il faut d'autres étoiles
A vos cieux dépeuplés.

Ces étoiles, c'est nous ! Ce phare nous le sommes !
Nous venons apporter notre lumière aux hommes.
Nous sortons de la nuit pour leur rendre le jour,
Car toute obscurité doit enfin disparaître.
Le juge dans la loi, dans le temple le prêtre
Ne verront plus régner que le seul Dieu d'amour.

Nos flambeaux inconnus à tous les Zoroastres
Montent sur l'horizon comme de nouveaux astres,
Et déjà nous voyons
La terre prodiguer ses trésors moins avares
Et les fronts ulcérés des Jobs et des Lazares
Se couvrir de rayons. [...]

André VAN HASSELT (1806-1874)

Je change de désirs, non pas de volonté

Je change de désirs, non pas de volonté,
Je change de fortune, et non pas d'espérance,
Je change de conseil, et non pas d'assurance,
Je change de liens, non de captivité.

De mourir pour vos yeux mes désirs ont été,
Et ma fortune était en mon mal patience,
Mon conseil, de périr sous votre obéissance,
Mes liens, les rigueurs de votre cruauté.

Et maintenant je veux vivre pour vos beaux yeux,
J'espère de trouver en vous aimant mon mieux,
Assuré du loyer de mon heureux servage,

De vos perfections éternel serviteur,
En un meilleur état, je change mon malheur,
Et je change constant sans changer de courage.

Béroalde de VERVILLE (1556-1626) 

 

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2006 5 29 /12 /décembre /2006 01:11

Deux auteurs nés une année terminant en 6 :

Chanson


Vous, avec vos yeux, avec tes yeux,
Dans la bastille que tu hantes !
Celui qui dormait s'est éveillé
Au tocsin des heures beuglantes.
Il prendra sans doute
Son bâton de route
Dans ses mains aux paumes sanglantes.

Il ira, du tournoi au combat,
À la défaite réciproque ;
Qu'il fende heaumes beaux et si clairs,
Son pennon, qu'il ventèle, est loque !
Le haubert qui lace
Sa poitrine lasse,
Si léger ! il fait qu'il suffoque.

Ah, que de tes jeux, que de tes pleurs
Aux rémissions tu l'exhortes,
Ah laisse ! tout l'orage a passé
Sur les lys, sur les roses fortes.
Comme un feu de flamme
Ton âme et son âme,
Toutes deux vos âmes sont mortes

Jean MORÉAS (1856-1910) 
(Recueil : Le pèlerin passionné)

Invitation

Je t'attends samedi, car Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.

Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.

Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule -
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes et les gens !

Comme aux dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hantés, baissés, m'accompagne...
Amusé tu diras : " L'Hébé te soûle, hé ! Jean ! "

Jean GOUDEZKI (1866-1934) 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 02:20

Auteur né et mort une année se terminant en 6 :

Contre ses parents
Sonnet irrégulier.

A Monsieur Moreau.

Oui, Moreau, ma façon de vivre
Est de voir peu d'honnêtes gens
Et prier Dieu qu'il me délivre
Surtout de messieurs mes parents.

Ce que j'ai souffert avec eux
Surpasse même la souffrance
De celui qui, pour sa constance,
Dans l'Écriture est si fameux.

Hélas ! ce sage misérable
N'eut jamais affaire qu'au diable
Qui le mit nu sur son fumier.

Pour voir sa patience entière,
Il fallait que Job eût affaire
Aux deux soeurs de Monsieur Lhuillier.

Claude-Emmanuel Lhuillier, dit CHAPELLE (1626-1686) 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2006 5 22 /12 /décembre /2006 02:38

Après avoir visionné le dernier samouraï, voici un auteur japonais d'haïku dont l'année de naissance se termine en 6 :

shu cho ya
nawa de musubare
meoto iwa

Marée d'automne
Les îles sacrées d'un ménage
Sont liées par des cordes.

Sakuzo Takada (1906-2001)

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 01:08

Voilà une auteur dont l'année de naissance et l'année de décès termine en 6, excusez du peu :

L'on verra s'arrêter le mobile du monde

L'on verra s'arrêter le mobile du monde,
Les étoiles marcher parmi le firmament,
Saturne infortuné luire bénignement,
Jupiter commander dedans le creux de l'onde.

L'on verra Mars paisible et la clarté féconde
Du Soleil s'obscurcir sans force et mouvement,
Vénus sans amitié, Stilbon sans changement,
Et la Lune en carré changer sa forme ronde,

Le feu sera pesant et légère la terre,
L'eau sera chaude et sèche et dans l'air qui l'enserre,
On verra les poissons voler et se nourrir,

Plutôt que mon amour, à vous seul destinée,
Se tourne en autre part, car pour vous je fus née,
Je ne vis que pour vous, pour vous je veux mourir.

Madeleine de l' AUBESPINE (1546-1596) 

Partager cet article
Repost0

L'univers d'An Amzer

 

d'un clic sur l'image

le site
et son temporamètre
les jeux poétiques
  l'hobamage
tn Pont21le trouvère d'an amzer
trois lignes
Athénala feuille du temps
tn_FDT-1.jpg
l'édition de recueils
les publications bizarres
tn versblancdelailes partenaires
tn Radioévasionpages et blogs anamzeriens
tn_JPBoulic.jpg