Bonjour à tous, aujourd'hui c'est "le vent d'est" de "la terre lointaine" qui vient vous proposer de jouer poétiquement avec la métonymie. C'est une figure d'expression par laquelle on désigne une entité conceptuelle au moyen d'un terme qui, en langue courante, en signifie une autre, celle-ci étant, au départ, associée à la première par un rapport de contiguïté.
Et, comme Monsieur Jourdain avec la prose, nous utilisons tous les jours sans le savoir d’innombrables « métonymies » tels que : « belle plume » (bon écrivain), « fine lame » (bon escrimeur), « cloche, poire, gourde, cruche » (personne stupide), « langue de vipère » (personne médisante), « âne bâté » (têtu), « mère poule » (une maman qui couve trop ses enfants), « cheval de retour » (un récidiviste), « rat de bibliothèque » (passe son temps à compulser les livres), « pigeon voyageur », (quelqu’un qui se déplace souvent), « cœur d’artichaut » (quelqu’un qui tombe facilement amoureux), « navet » (mauvaise pièce de théâtre), « carotte » (récompense promise en échange d’un effort), « les carottes sont cuites » (il n’y a plus rien à faire), « avoir une bonne fourchette » (avoir un gros appétit), « avoir une dent contre quelqu’un » (avoir rancune), « avoir la main lourde » (faire fort, même pour la Justice), « avoir la main verte » (réussir souvent avec les plantes), « avoir la main leste » (être prompt à frapper, à voler), « avoir le cœur sur la main » (être généreux), « faire des vagues » (créer de l’agitation, des troubles), « se faire refroidir » (se faire tuer), « tomber le masque » (Se montrer sous son vrai jour), etc. liste non limitative ! Mais souvent nous les prenons pour de l’argot.
En poésie, tout le monde connaît ces deux célèbres vers de François Malherbe (1555-1628) :
Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses
L’espace d’un matin
Et plus près de nous, « la vie, c’est comme une dent » (1951) de Boris Vian (1920-1959) :
La vie, c’est comme une dent
D’abord on n’y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis çà se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher, la vie
Règle : À l’instar de Boris Vian, composez un quatrain (quatre vers) d’octosyllabes (huit pieds), avec deux rimes ab que vous placez où vous voulez, tout en y incluant au minimum une métonymie, pour obtenir ce qu’on pourrait appeler une « Méto-mini », comme celle-ci :
Scaramouche dans Les Charlatans italiens de Karel Dujardin, cliquez sur l'image
Oh non, ce n’est pas un martyr !
C’était un ignoble tueur
Qui a causé tant de malheurs
Qu’enfin il s’est fait refroidir.
Dông Phong