2 septembre 2006
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23:14
Reprise ce samedi des réunions à la MPT Bellevue. Jacques Prévert, Bernard Trebaol, Jean de La Fontaine et Marie-Louise Cornille étaient présent.
A une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carosse à la campagne
Philis, je suis dessous vos lois,
Et sans remède à cette fois.
Mon âme est votre prisonnière,
Mais sans justice et sans raison.
Vous m'avez pris par le derrière :
N'est-ce pas une trahison ?
Je m'étais gardé de vos yeux,
Et ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
contre moi n'ayant point d'appas,
Vous m'en avez fait voir un autre
De quoi je ne me gardais pas.
D'abord il se fit mon vainqueur,
Ses attraits percèrent mon coeur,
Ma liberté se vit ravie,
Et le méchant, en cet état,
S'était caché toute sa vie
Pour faire cet assassinat.
Il est vrai que je fus surpris,
Le feu passa dans mes esprits,
Et mon coeur autrefois superbe,
Humble, se rendit à l'amour,
Quand il vit votre cu sur l'herbe
Faire honte aux rayons du jour.
Le soleil, confus dans les cieux,
Le voyant si radieux,
Pensa retourner en arrière,
Son feu ne servant plus de rien ;
Mais ayant vu votre derrière,
Il n'osa pas montrer le sien.
En découvrant tant de beautés,
Les sylvains furent enchantés,
Et Zéphire, voyant encore
D'autres appas que vous avez,
Même en la présence de Flore,
Vous baisa ce que vous savez.
La rose, la reine des fleurs,
Perdit ses plus vives couleurs,
De crainte l'oeillet devint blême,
Et Narcisse, alors convaincu,
Oublia l'amour de soi-même
Pour se mirer en votre cu.
Aussi rien n'est si précieux,
Et la clarté de vos beaux yeux,
Votre teint qui jamais ne change,
Et le reste de vos appas
Ne méritent point de louange,
Qu'alors qu'il ne se montre pas.
On m'a dit qu'il a des défauts,
Qui me causeront mille maux,
Car il est farouche à merveilles,
Il est dur comme un diamant,
Il est sans yeux et sans oreilles,
Et ne parle que rarement.
Mais je l'aime et veux que mes vers
Par tous les coins de l'univers
En fassent vivre la mémoire,
Et ne veux penser désormais
Qu'à chanter dignement la gloire
Du plus beau cu qui fut jamais.
Philis, cachez bien ses appas :
Les mortels ne dureraient pas,
Si ces beautés étaient sans voiles.
Les dieux qui règnent dessus nous,
Assis là-haut sur les étoiles,
Ont un moins beau siège que vous.
Vincent Voiture (1597-1648)
A une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carosse à la campagne
Philis, je suis dessous vos lois,
Et sans remède à cette fois.
Mon âme est votre prisonnière,
Mais sans justice et sans raison.
Vous m'avez pris par le derrière :
N'est-ce pas une trahison ?
Je m'étais gardé de vos yeux,
Et ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
contre moi n'ayant point d'appas,
Vous m'en avez fait voir un autre
De quoi je ne me gardais pas.
D'abord il se fit mon vainqueur,
Ses attraits percèrent mon coeur,
Ma liberté se vit ravie,
Et le méchant, en cet état,
S'était caché toute sa vie
Pour faire cet assassinat.
Il est vrai que je fus surpris,
Le feu passa dans mes esprits,
Et mon coeur autrefois superbe,
Humble, se rendit à l'amour,
Quand il vit votre cu sur l'herbe
Faire honte aux rayons du jour.
Le soleil, confus dans les cieux,
Le voyant si radieux,
Pensa retourner en arrière,
Son feu ne servant plus de rien ;
Mais ayant vu votre derrière,
Il n'osa pas montrer le sien.
En découvrant tant de beautés,
Les sylvains furent enchantés,
Et Zéphire, voyant encore
D'autres appas que vous avez,
Même en la présence de Flore,
Vous baisa ce que vous savez.
La rose, la reine des fleurs,
Perdit ses plus vives couleurs,
De crainte l'oeillet devint blême,
Et Narcisse, alors convaincu,
Oublia l'amour de soi-même
Pour se mirer en votre cu.
Aussi rien n'est si précieux,
Et la clarté de vos beaux yeux,
Votre teint qui jamais ne change,
Et le reste de vos appas
Ne méritent point de louange,
Qu'alors qu'il ne se montre pas.
On m'a dit qu'il a des défauts,
Qui me causeront mille maux,
Car il est farouche à merveilles,
Il est dur comme un diamant,
Il est sans yeux et sans oreilles,
Et ne parle que rarement.
Mais je l'aime et veux que mes vers
Par tous les coins de l'univers
En fassent vivre la mémoire,
Et ne veux penser désormais
Qu'à chanter dignement la gloire
Du plus beau cu qui fut jamais.
Philis, cachez bien ses appas :
Les mortels ne dureraient pas,
Si ces beautés étaient sans voiles.
Les dieux qui règnent dessus nous,
Assis là-haut sur les étoiles,
Ont un moins beau siège que vous.
Vincent Voiture (1597-1648)