19 novembre 2014
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Mme Roulin par Paul Gauguin en 1888, cliquez sur l'image
l’immortelle, et l’œillet de mer
qui pousse dans le sable,
la pervenche trop périssable,
ou ce fenouil amer
qui craquait sous la dent des chèvres,
ne vous en souvient-il,
ni de la brise au sel subtil
qui nous brûlait aux lèvres ?
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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12 novembre 2014
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les alyscamps par Van Gogh, cliquez sur l"image
« — embrassez — moi, petite fille.
Là, bien. Quoi de nouveau ?
As-tu retrouvé le cerveau
qui manque à ta famille ?
Dis-moi, c’est vrai que le curé
est mal avec la poste ?
Et comment va chose… Lacoste,
l’ami de Poyarré ? »
je devinais, dans la pénombre,
que tu tirais tes bas.
Ton cœur d’oiseau battait tout bas :
la chambre était très sombre…
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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4 novembre 2014
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paysage d'Arles par Paul Gauguin en 1888, cliquez sur l'image
Quel pas sur le pavé boueux
sonne à travers la brume ?
Deux boutiquiers, crachant le rhume,
s’en retournent chez eux.
— " c’est ce cocu de Lagnabère.
— oui, Faustine.
— ah, mon dieu,
en çà de cogomble, quel feu !
— oui, c’est le réverbère.
— comme c’est gai, le mauvais temps…
et recevoir des gifles.
— oui, Faustine. »
à présent, tu siffles
l’air d’amour et printemps.
querelles, pleurs tendres à boire —
et toi qu’en tes détours
j’écoute, ô vent, contre les tours
meurtrir ta plume noire.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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30 septembre 2014
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les alyscamps par Van Gogh, cliquez sur l"image
De tout ce gala de province
où l’on donnait Manon,
je ne revois plus rien sinon
ta forme étrange, et mince ;
et lorsqu’à ce duo troublant
tes yeux me firent signe,
frissonner le frimas d’un cygne
sur ton bel habit blanc ;
sinon ton frère sur le siège
du fiacre vingt-et-huit
où tu avais l’air, dans la nuit
d’une image de neige.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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23 septembre 2014
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Arlésiennes par Paul Gauguin en 1888, cliquez sur l'image
Comme à ce roi laconien
près de sa dernière heure,
d’une source à l’ombre, et qui pleure,
Fauste, il me souvient ;
de la nymphe limpide et noire
qui frémissait tout bas
— avec mon cœur-quand tu courbas
tes hanches, pour y boire.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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17 septembre 2014
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oliviers par Van Gogh en 1889, cliquez sur l"image
Un Jurançon 93
aux couleurs du maïs,
et ma mie, et l’air du pays :
que mon cœur était aise.
Ah, les vignes de Jurançon,
se sont-elles fanées,
comme ont fait mes belles années,
et mon bel échanson ?
Dessous les tonnelles fleuries
ne reviendrez-vous point
à l’heure où Pau blanchit au loin
par delà les prairies ?
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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28 août 2014
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Le mas d'Arles Paul Gauguin 1888, cliquez sur l'image
Ce fut par un soir de l’automne
à sa dernière fleur
que l’on nous prit pour mgr
l’évêque de Bayonne,
sur la route de Jurançon.
J’étais en poste, avecque
Faustine, et l’émoi d’être évêque
lui sécha sa chanson.
Cependant cloches, patenôtres,
volaient autour de nous.
Tout un peuple était à genoux :
nous mêlions les nôtres,
O Vénus, et ton char doré,
glissant parmi la nue,
nous annonçait la bienvenue
chez Monsieur Lesquerré.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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21 août 2014
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La Nuit étoilée, 1889, Van Gogh, cliquez sur l'image
L’Ingénue.
d’une amitié passionnée
vous me parlez encor,
azur, aérien décor,
montagne Pyrénée,
où me trompa si tendrement
cette ardente ingénue
qui mentait, fût-ce toute nue,
sans rougir seulement.
Au lieu que toi, sublime enceinte,
tu es couleur du temps :
neige en mars ; roses du printemps.
Août, sombre hyacinthe.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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15 août 2014
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L'Allée des Alyscamps Paul Gauguin 1888, cliquez sur l'image
Chevaux de bois.
à Pau, les foires saint-Martin,
c’est à la haute plante.
Des poulains, crinière volante,
virent dans le crottin.
Là-bas, c’est une autre entreprise.
Les chevaux sont en bois,
l’orgue enrhumé comme un hautbois,
zo’sur un bai cerise.
Le soir tombe. Elle dit : " merci,
« pour la bonne journée !
« mais j’ai la tête bien tournée… »
— ah, zo’ : la jambe aussi.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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9 août 2014
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vergers en fleurs Arles 1889 Van Gogh, cliquez sur l'image
Tandis qu’à l’argile au flanc vert,
dessus ton front haussée,
perlait le pleur d’une eau glacée,
les dailleurs, à couvert :
« enfant, riait leur voix lointaine,
voilà temps que tu bois.
Si Monsieur Paul est dans le bois,
avise à la fontaine.
« mais avise aussi de briser
ta cruche en tournant vite.
Ah, que dirait ta mère. évite
son bras. Prends le baiser. »
… Le temps était couleur de pêche.
Sur le Saleys qui dort
Un oiseau d’émeraude et d’or
Fila comme une flèche.
Paul-Jean Toulet
Les Contrerimes : poèmes
Édition Émile-Paul frères, 1929
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