Voici une petite fable glanée à Carteret sur mon chemin vers le Mont St Michel. Je la trouve finalement bien opportune si on l'adapte aux pêcheurs imprudents que j'ai pu voir le long des côtes normandes et qui eux devaient craindre au contraire le retour de l'eau des grandes marées.
Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l'épervier plus dangereux encor.
C'est ainsi que parlait une carpe de Seine
A de jeunes poissons qui l'écoutaient à peine.
C'était au mois d'avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s'élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l'onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C'est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l'eau se retire il ne faut qu'un instant :
Ne vous éloignez point, et, de peur d'accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s'en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère
C'est qu'on veut sortir de sa sphère,
C'est, que... c'est que... je ne finirai pas.
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)
Sculpteur, peintre et poète breton, Jean-Loup vous présentera son oeuvre poétique à l'occasion de la réédition de son ouvrage « Les Trois Songes de Kernunnos » le samedi 18 septembre à 20 h 30 à là la librairie tournez la page (35 Combourg).
Jean-Loup a obtenu en 2003 le premier prix Glenmor de Poésie, et le prix spécial du jury An Distro pour l’ensemble de mon œuvre (peinture, sculpture, écriture, défense de l’Histoire bretonne …), remis au Salon du Livre de Carhaix .
ail sauvage à Ouessant photo JJB, cliquez sur l'image
Non ce ne sont pas les ailes des goélands
Qui ornent fièrement les coiffes Ouessantines
Ce ne sont que les bras entrecroisés du temps
Sémaphore assombri d'angoisses légitimes!
La femme d'Ouessant, fière de son statut
Sait retrousser les manches pour emplir l'écuelle,
Quand son homme est en mer c'est presqu'à son insu
Qu'elle tond les moutons, rien n'est trop dur pour elle!
Son visage buriné aux cisailles du vent
A su garder intact la couleur des prunelles
Son geste est resté sur et précis comme avant
Elle érige les "gwasheds" qui courent en ribambelles!
Avez-vous observé ces rides et ce pli
Qui creusent leurs sillons aux confins des paupières
Ils se sont incrustés à fixer l'infini
D'horizons incertains aux fosses meurtrières!
Ne portant ni voilette, ni mouchoir élégant,
Elle essuie ses chagrins, le nez dans les étoiles
Et lorsque le jour sombre au sein de son couchant,
La Ouessantine rêve enroulée dans ses voiles!...
Annie Avril. juin 2010
saint Pol Roux calligraphie d'Yveline Abernot à Camaret photo Jalm, cliquez sur l'image
fleur des thés à Argenton photo Jalm cliquez sur l'image
Gwenaëlle Moullec-Le Thérisien dédicassera son dernier roman le mercredi 28 juillet de 10H à midi au salon de thé "fleur des thés" sur le port d'Argenton en Landunvez.
Le cirque de Georges Seurat musée d'Orsay, cliquez sur l'image
Un jour je m'en irai, je quitterai la piste.
Je me séparerai de la cavale blanche,
je ne danserai plus sur cette croupe franche,
les gens regretteront la belle équilibriste.
Un jour je partirai et cela sera triste
car je reposerai entre mes quatre planches,
les mains tenant des roses glissées dans mes manches
et on me pleurera par des "adieu l'artiste !"
Ce jour est déjà là laissant mon écuyer
si désemparé et tellement malheureux
que le chagrin dès lors a fait rougir ses yeux.
Je n'ai pas eu le temps de tous vous embrasser.
Mais n'ayez crainte depuis mon séjour des cieux,
je vous garde en mon coeur vous aidant de mon mieux.
de Jean-Luc Aotret