Notre Ami Dông Phong nous propose, ce mois-ci, de célébrer l'Automne par un nouveau jeu autour de l'Haïku :
On fait toujours grand cas du haïku comme le comble du raffinement de la poésie japonaise. Mais non, mais non ! : Quand le grand poète japonais Masaoka Shiki (1867-1902) inventa ce terme, c’était pour s’amuser avec ses amis dans les maisons de thé en compagnie des geisha (des dames, pas toujours très jeunes mais très cultivées, et non pas des prostituées comme on le croit en Occident, après l’invasion du Japon par les G.I. américains en 1945). En effet, le mot haïku s’écrit avec ces deux sinogrammes : 俳句, où 俳 signifie « comédie, divertissement pas sérieux », 句 signifie phrase, vers. Par ailleurs, en analyse graphologique, le caractère 俳est composé de 亻= homme, et de 非 = incorrect.
Des règles très strictes en ont été dictées, surtout par des « spécialistes » occidentaux. Mais aujourd’hui ces « règles » (tercet de 5/7/5 pieds, kigo ou « notion de saison », etc…) ne sont plus nécessaires, comme le montre ce lauréat d’un premier prix du Mainichi international contest de 2012 :
梅雨空が裂けて
日がのぞく
あ、阿修羅の顔だ
— 古屋友輝 (日本)
The rainy season cracked up
a patch of the sun
god Ashura’s figure appears
— Yuki Furuya (Japan)
Traduction par Dông Phong :
La saison des pluies fait craquer
une parcelle du soleil
le visage de la déesse Ashura apparaît
L’essentiel est de suggérer une image, une sensation éphémère au lecteur.
Règle : pour chanter l’automne (quand même !), composez un tercet (sur le thème de la lune), dont chaque vers contient un nombre impair de pieds (3,5,7…), sans aucun ordre, comme celui-ci, en hommage à notre regrettée Sélène, qui nous a tant émerveillés avec Haïkhouhou :
lune blanche photo Dông Phong, cliquez sur l'image
À travers la brume
La lune sourit
Doucement
Saisissez votre plume telle un pinceau d'Hokusai et peignez-nous une poésie aux couleurs du vent d'Est.
Vous êtes bien entendu instamment conviés à glisser vos créations et vos appréciations dans les commentaires.