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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 00:05
statue d'Auguste Brizeux parc Chevassu à Lorient photo Jalm cliquez sur l'image

Ô maison du Moustoir ! combien de fois la nuit,
Ou quand j'erre le jour dans la foule et le bruit,
Tu m'apparais ! - Je vois les toits de ton village
Baignés à l'horizon dans des mers de feuillage,
Une grêle fumée au-dessus, dans un champ
Une femme de loin appelant son enfant,
Ou bien un jeune pâtre assis près de sa vache,
Qui, tandis qu'indolente elle paît à l'attache,
Entonne un air breton si plaintif et si doux
Qu'en le chantant ma voix vous ferait pleurer tous.
Oh ! les bruits, les odeurs, les murs gris des chaumières,
Le petit sentier blanc et bordé de bruyères,
Tout renaît comme au temps où, pieds nus, sur le soir,
J'escaladais la porte et courais au Moustoir ;
Et dans ces souvenirs où je me sens revivre,
Mon pauvre coeur troublé se délecte et s'enivre !
Aussi, sans me lasser, tous les jours je revois
Le haut des toits de chaume et le bouquet de bois,
Au vieux puits la servante allant emplir ses cruches,
Et le courtil en fleur où bourdonnent les ruches,
Et l'aire, et le lavoir, et la grange ; en un coin,
Les pommes par monceaux ; et les meules de foin ;
Les grands boeufs étendus aux portes de la crèche,
Et devant la maison un lit de paille fraîche.
Et j'entre, et c'est d'abord un silence profond,
Une nuit calme et noire ; aux poutres du plafond
Un rayon de soleil, seul, darde sa lumière,
Et tout autour de lui fait danser la poussière.
Chaque objet cependant s'éclaircit : à deux pas,
Je vois le lit de chêne et son coffre ; et plus bas
(Vers la porte, en tournant), sur le bahut énorme
Pêle-mêle bassins, vases de toute forme,
Pain de seigle, laitage, écuelles de noyer ;
Enfin, plus bas encor, sur le bord du foyer,
Assise à son rouet près du grillon qui crie,
Et dans l'ombre filant, je reconnais Marie ;
Et, sous sa jupe blanche arrangeant ses genoux,
Avec son doux parler elle me dit : " C'est vous ! "

 Auguste BRIZEUX (1803-1858)
(Recueil : Marie)

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commentaires

D
Une toile, des pinceaux, des couleurs... Ce très beau poème me donne envie de peindre !Bonne nuit !
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M
Bonsoir,Scènes enchanteresses, paisibles et champêtres à souhait... mais à première vue seulement ! Car les toits de chaumes, la cruche que l'on remplit à l'eau du puits, la paille fraîche devant la maison, tout ceci me laisse supposer une vie bien rude ! Confort moderne quand tu nous tiens ! Saurions-nous nous adapter s'il le fallait ?
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A
Nous avons tous, enfouie dans notre  mémoire,"une maison du Moustoir". abri secret de notre tendre jeunesse.Le poème est si avenant qu'on aimerait bien y pénétrer sur la pointe des pieds pour ne pas déranger les odeurs de souvenirs.Merci pour ce poème magnifique et bonne journée à vous,Annie. 
Répondre
C
C'est comme si j'y étais...J'aime son style, son art de la description...ses émotions qu'il transmet de façon si vivante...Merci!Belle journée à toutes et tous
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